Un autre récit du Covid

Photo: Vijay Putra pour pixels.com

Jusque récemment, j’habitais à Paris.

Mon père, âgé de plus de 80 ans, y habite toujours.

Paris est la 6e ville la plus dense du monde en termes de nombre d’habitants par mètre carré.

J’y ai vécu l’arrivée du Covid, le déconfinement, le reconfinement, le redéconfinement, le rereconfinement, l’annonce de la fin de l’état d’urgence, puis son maintien.

Le 1er confinement, je l’ai passé largement enfermée, sauf pour aller faire mes courses, comme la majorité des gens.

Je m’étais alors fait la réflexion, qu’avec tout ce que nous entendions sur l’extrême contagiosité du Covid et sa fulgurance de cas asymptomatiques qui pouvaient tuer les autres sans le savoir, soit c’était une grosse blague et nous allions vite nous en rendre compte, soit nous allions connaître une véritable hécatombe à Paris et dans quelques autres grandes villes de France.

Durant ces 2 mois, mon colocataire n’était pas confiné: travaillant dans la grande distribution, il faisait partie des fameuses professions indispensables qui ont continué d’aller travailler durant toute la période. Il voyait et à parlait à des centaines de personnes par jour dans un moment où il n’y avait ni plexiglass, ni masques (d’ailleurs, les masques étaient inutiles et même dangereux pour le commun des mortels, d’après le gouvernement).

Il n’a pas attrapé le Covid, ni moi non plus.

Paris n’a pas connu d’hécatombe. 

Mon père, qui faisait sa promenade quotidienne d’une heure par jour, n’a pas vu la couleur de ce qu’il avait décidé d’appeler poétiquement le “Couillonavirus”.

Deux personnes de ma famille, ainsi que deux collègues sont tombés malades, puis sont guéris, avec plus ou moins de facilité suivant leur état de santé et de fatigue.

L’été est arrivé, tout est redevenu “normal”: 

on buvait des coups en terrasse tout.e.s ensemble, on ne gardait de distanciation sociale qu’avec les inconnu.e.s, les rues et les métros se sont de nouveau bondés et les queues au Drive des fast-foods ont revu le jour.

Et puis on nous a annoncé qu’on allait commencer à surfer:

Tout à coup, les masques sont devenus, non seulement utiles, mais obligatoires. Partout tout le temps.

Mais c’était pour la bonne cause: c’était pour éviter le reconfinement.

Bref, on a été reconfiné.e.s.





Durant ce reconfinement, nous avons fait des soirées chez nous avec des ami.e.s. Je partais faire de grandes promenades bien au-delà de la limite “autorisée”. Je passais voir mon père quand je le pouvais.

Je n’ai pas attrapé de covid. Les ami.e.s qui passaient nous voir non plus. Mon père, qui par ailleurs ne portait son masque qu’en dessous du nez et de la bouche, n’a pas plus vu le “Couillonavirus”.

Pour ma part, je ne portais un masque qu’en cas de rapprochement social des forces de l’ordre, afin de ne pas être contaminée par leurs amendes.

Mon colocataire a dû passer un test covid durant cette période dans le cadre de son travail. Ce test détectait les traces de covid présent ou passé (depuis le début de la pandémie). Le test était entièrement négatif.

***

Noël!

Dans leur bonté incommensurable, nos dirigeants nous ont autorisés à passer les fêtes de fin d’année entouré.e.s de nos proches. Enfin, pas trop proches quand même, et à 6 personnes maximum.

À Noël, nous étions 10, et pour le Nouvel An, 10 autres encore.

Première expérience de la contagiosité de l’incohérence:

un des convives présents, cadre parisien, qui était par ailleurs ravi de festoyer entouré de gens qu’il connaissait à peine sans aucun geste barrière, a affirmé qu’il était logique que l’on nous intime de porter le masque partout en extérieur, même en plein milieu d’une forêt puisqu’il avait entendu dire que le virus pouvait rester 20 minutes en suspension dans l’air.

Réflexion immédiate dans ma tête: 

“ Si le virus est capable de t’attendre pendant 20 minutes au détour d’un arbre sans personne autour, comment se fait-il que nous soyons si nombreux à être encore en vie à Paris? »

***

Les fêtes sont passées, le couvre-feu est arrivé afin que le virus n’attrape pas froid durant les nuits d’hiver.

J’ai passé des dîners chez mon père, après lesquels je restais dormir chez lui pour ne pas payer de droits de douanes sur le trajet retour. On a même fêté son anniversaire de cette façon avec quelques autres personnes.

Des ami.e.s venaient à l’appartement pour des enchaînements dîners/soirées/petits-déjeuners.

D’anciens collègues avec lesquelles j’avais gardé quelques contacts m’ont raconté avoir attrapé le covid. Ils avaient été vraiment très fatigués pendant plusieurs jours, et certains avaient mis quelques semaines à retrouver l’odorat ensuite. Ils allaient bien depuis.

***

L’hiver est passé, et un beau soir, un ministre à lunettes nous a annoncé qu’on allait être rereconfinés. Mais en fait, pas vraiment. Mais un peu quand même. Mais on allait aussi sortir de l’état d’urgence. Promis, juré, craché (ah non, pas craché, j’oublie toujours!), le 15 novembre, c’était fini.

Il fallait juste une feuille de route de sortie de crise pour que les personnes les plus fragiles, comme mon père, soient bien en sécurité et ne risquent surtout pas de mourir à 80 ans et des bananes.

En plus, des traitements préventifs par injections venaient de sortir. Pour le côté préventif, on n’était pas tout à fait sûr.e.s que ça fonctionne, et ces traitements-miracles étaient encore en crash-test.

Mais qu’importe, c’était parfait pour protéger les vieux, les malades et les personnes ayant une hygiène de vie déplorable.

Un geste pur, altruiste, et une occasion rêvée de tester les limites de la manipulation de masse.

À suivre…


Laisser un commentaire